Lili Marleen
LILI MARLEEN VO
Allemagne 1981 (version restaurée 2025). Un drame de Rainer Werner Fassbinder avec Hanna Schygulla, Giancarlo Giannini, Mel Ferrer…
Durée : 2h01
CINÉ-MÉMOIRE
VENDREDI 20 JUIN À 20H45
ENTRÉE 4 €
Présentation et débat Guy Fillion et Rémi Vallejo
L’amour impossible entre l’interprète de la chanson « Lili Marleen », instrument de la propagande allemande, et un jeune musicien d’origine juive qui coince, les encourager, les aider. Les faire lire, chanter…
Les horaires
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20H45 VO | FERME |
Les critiques
« En s’associant, après le succès du Mariage de Maria Braun, au vétéran Luggi Waldleitner, très grosse pointure de la production cinématographique allemande (et européenne) la plus ouvertement commerciale depuis la fondation de sa Roxy Film en 1951, Fassbinder a disposé pour Lili Marleen d’un budget plus que conséquent lui permettant de déployer les fastes d’un cinéma à l’ancienne (vastes décors de studio, mouvements de caméra sur rails, abondante figuration), qui n’est pas sans rappeler celui que pratiquait son maître vénéré Douglas Sirk dans Le temps d’aimer, le temps de mourir.
S’inspirant librement de l’autobiographie de la chanteuse Lale Andersen (Der Himmel hat viele Farben / Le ciel a de nombreuses couleurs), le cinéaste ne recule pas devant ce que les Allemands appellent avec mépris la Kolportage, c’est à dire le roman de gare, et à activer tous les ressorts éprouvés du mélodrame.
Pour évoquer l’Allemagne du nazisme et de la guerre totale, Fassbinder pastiche ouvertement l’esthétique UFA du cinéma de l’époque, et qui avait perduré dans les années 50. Cadrages lourds de sens, éclairages sophistiqués, effets dramatiques soulignés par la musique, acteurs traités comme des stars (et nombreuses gloires passées défilant dans les rôles secondaires) : tout évoque ce cinéma de confection se parant des atours du Grand Art, définition même du kitsch (un esthétisme figé, mort, qui devient pur véhicule idéologique).»
«1939, une chanteuse inconnue fait un bide avec son premier disque, Lili Marleen. Quelques années plus tard, en pleine guerre, toute l’Allemagne fredonne cette ballade mélancolique et son interprète connaît enfin la gloire…
En s’inspirant des souvenirs de Lale Andersen, Fassbinder a imaginé l’histoire d’une petite vedette de cabaret qui devient la star des nazis. La gentille Willie (Hanna Schygulla, très Marlene) n’a pas l’impression de vendre son âme au diable. Elle aime juste la villa blanche que lui offre le Führer. Sous les croix gammées, elle poursuit un rêve sentimental : retrouver Robert, le fils d’une famille juive de Zurich…..»
« L’IRONIE subversive est une arme boomerang, surtout quand elle s’attaque à un passé mauvais, coulé comme du déchet atomique dans un bloc de plomb, que l’on commence à casser parce que l’ignorer, le laisser contaminer le présent est insoutenable. Est-il juste pourtant de démythifier les longues années de larmes et d’horreur. Est-il normal d’en dénoncer par le rire l’affreuse absurdité. C’est ce que tente Fassbinder avec Lili Marleen, mélodrame convulsif qui cogne avec un humour furieux dans ce qui est devenu le cliché IIIe Reich, à travers des films comme Cabaret, les Damnés, entre le vieil Heldelberg et la fraternité de brasserie, entre les soldats blonds et Liza Minelli, à travers toutes les évocations plus ou moins extasiées des Folies-Nuremberg.Et ce n’est pas tout. Fassbinder pastiche le style UFA ; le générique est en lettres gothiques. Lui-même est nommé » Spielleiter « , terme utilisé alors à la place de régisseur, pour désigner le metteur en scène. Les couleurs semblent d’époque, en plus insistant. Les scènes de guerre ont été prises dans un vieux film de Peckinpah, mais celles où les soldats entassés dans des tranchées bien propres écoutent émus la chanson copient méchamment les œuvres patriotiques largement diffusées dans ces temps pas si lointains. Hanna Shygula, elle-même, arrive à ressembler aux blondes gretchen joufflues, portant sur leur visage » le masque d’insondable bêtise pleine d’âme qui caractérisait les stars de l’UFA » (la Zeit). »